Professeur en gestion financière et management des collectivités à l’université d’Aix-Marseille, Thomas Eisinger revient de façon humoristique et pédagogique sur la polémique liée à l’« explosion » de la taxe foncière. Dans cette tribune initialement publiée sur le site The Conversation, il y distille quelques éléments de compréhension sur les ressorts structurels de l’évolution de cet impôt, et la responsabilité à tout le moins partagée du pouvoir national (gouvernement, Parlement). En effet, au-delà des hausses à deux chiffres constatées à Grenoble, Metz, Paris ou Troyes, seule une commune sur sept a augmenté son taux en 2023. La hausse du cru 2023 provient essentiellement du retour de l’inflation, alors que l’assiette de la taxe foncière est dorénavant indexée à l’indice des prix à la consommation, ainsi que de l’impossibilité pour les élus de jouer sur d’autres leviers fiscaux depuis la suppression de la taxe d’habitation. Ce qui faire dire à Thomas Eisinger que cette hausse est en partie mécanique, tendancielle, et donc que ce « marronnier » devrait sans guère de doutes réapparaître à la fin de l’été 2024.
La seule véritable incertitude avec un « marronnier », ce n’est naturellement pas sa survenance, mais bien la taille des marrons. Et cette année, en matière de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB pour les intimes), ils sont d’un fort beau gabarit. La presse économique n’hésite pas à parler d’une « explosion » de cet impôt, avec dans certaines grandes villes des augmentations à deux chiffres dépassant très largement le niveau de l’inflation (+51,9 % à Paris, +31,5 % à Grenoble, +21,2 % à Troyes, +20,5 % à Metz, +19,6 % à Issy-les-Moulineaux, etc.).
Même si la communication de la Direction générale des finances publiques publiée en août dernier nous rappelle bien que des augmentations spectaculaires et médiatisées ne font pas statistiquement une tendance, il se passe incontestablement quelque chose du côté de cet impôt. Retour sur les ressorts d’une hausse qui pourrait bien être tendancielle…
Au sommaire :
- Une assiette prise en étau ;
- Tant qu’il y aura de l’inflation… ;
- Une hausse plus ou moins justifiée ;
- Et demain ?
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